Le Père Yves BOUTIN était préfet de discipline aux Feuillants : « Garez-vous, v’là Bout’s ».
Né le 3 juin 1926, il est décédé le jeudi 28 mai 2009, à l’âge de 82 ans. Il a
toujours vécu à Poitiers, à part pendantson service militaire et les deux années
passées comme postulant dans la Compagnie de Jésus. Ordonné prêtre le 22 avril 1956,
il exerça son ministère à la paroisse Ste Radegonde à Poitiers, avant d’être nommé
préfet de discipline au collège Saint Joseph, qui devint plus tard le lycée des
Feuillants. De 1957 à 1991, il a gravi tous les échelons de la 4e à la
terminale, il s’est donné à fond aux élèves en veillant bien sûr à la discipline,
mais aussi aux bons moments de détente dans la nature (canoë-Kayak, balade à
cheval en forêt, ski, piscine, jeux de nuit dans les bois autour de Poitiers,
séjours à Taizé…). Victime d’un très grave accident de voiture à la fin des années
80, il y revint, malgré certains handicaps, reprenant son activité jusqu’à l’âge de
la retraite de l’enseignement en 1991.
Il fit alors partie du secteur pastoral de Couhé-Vérac. Finalement en 2003, il fit
son entrée à la maison de retraite Joseph Rozier. Ses obsèques ont été célébrées et
présidées par Mgr Albert ROUET en l’église Saint Martin à Poitiers à la veille de la
Pentecôte, le samedi 30 mai 2009. Il repose dans le cimetière de Chilvert.
Au sujet de Bout’s, ou « le bolide » comme les élèves l’appelaient, circulent encore de
bons souvenirs, dont en voici quelques uns (d’autres ont été racontés dans l’ouvrage
paru pour le 150e anniversaire page 102 – toujours en vente à l’Amicale au prix de 20
Euros).
Un jour afin de se montrer clément, et dans le désir de commuer plusieurs heures de
colle qu’avait collectionnées un élève, il lui avait dit tout de go, au bord de la
piscine qui se trouvait dans la prairie : « Si tu te jettes tout habillé du
haut du plongeoir, je t’enlève tes colles » et l’énergumène en question trop
heureux de s’en tirer à si bon compte, de s’exécuter avec bonheur ! (Pour une fois
qu’une bêtise était autorisée, il ne fallait pas s’en priver !)
Un autre sans doute en colère, en était venu aux mains avec le père BOUTIN, il nous
l’a raconté et cela lui a valu illico presto, le renvoi immédiat. Il a passé
son Bac ailleurs ! Régulièrement, il nous attendait à la sortie des salles de classe,
et quand le professeur sortait, il lançait de sa voix sonore tout en se précipitant
sur les fenêtres : « Ouvrez-moi vite les fenêtres, que ça sent le phoque ! »
, le professeur parfois encore là, lui lançait parfois un regard furibond, prenant cela
pour un outrage.
La veille du passage à la limite de vitesse maximum sur route à 90 km/heure, il avait,
lors d’une sortie en voiture, où il y avait au moins un élève qui nous l’a raconté,
appuyé avec délice sur son accélérateur : « Il faut en profiter, tant que c’est
possible ! »
Ayant emmené des élèves, dont j’étais, dans sa propre voiture
à Taizé lors de petites vacances, il ne voulut rien savoir pour être dédommagé
des frais d’essence, de nourriture et de logement, il m’avait alors seulement demandé :
« Ne me donne pas d’argent, mais va trouver tes amis de classe et
parle-leur de Taizé, en les incitant à y aller ». Ce fut ma première
expérience de confrontation à la réalité de l’évangélisation.
Je découvris que cela n’était pas si simple, devant ce porte à porte infructueux, que
de témoigner en direct. Il faut savoir aussi qu’il était le seul prêtre de Saint Joseph
à aller à un groupe de prière du renouveau sur Poitiers. Derrière ses façons un peu brusques
et bourrues parfois, il cachait un coeur en or, généreux et soucieux d’annoncer la Bonne Nouvelle.